Histoire

La ville de Montreuil-sous-Bois est une des grandes communes de l’Île-de-France. Cette ville de plus de 900 hectares et de plus de 100 000 habitants est riche d’une aventure agricole exceptionnelle qui remonte à la fin du 17è siècle, se poursuivant jusqu’à la moitié du 20è siècle.

Cette histoire agricole débute, comme dans beaucoup de villes proches de Paris, avec la culture de la vigne, et ce, bien avant le début de la culture des fruits.

Voici quelques repères historique…

L’abbé Roger Schabol en 1770, décrit ainsi les cultures de Montreuil, et date leur création vers 1650.« les montreuillois cultivent des parcelles entourées de hauts murs. Cerises hâtives, reine-claude, poiriers, pommiers, raisins, abricotiers et pêchers sont adossés à des murs et se partagent la chaleur et la lumière des rayons du soleil »

Au Potager du roi à Versailles, La Quintinie utilise des murs pour cultiver des arbres fruitiers et dans son plan publié en 1690, on remarque « onze petits jardins tout enclos de murailles » et notamment des « jardins biais » qui semblent plus particulièrement dévolus à la culture des pêchers.

Le palissage des branches le long des murs directement avec des clous et des tissus est connu dans la littérature horticole dès 1651 et n’est pas rattaché à une région particulière.

La première trace écrite des clos à pêches de Montreuil est sans doute, d’après Antoine Jacobsohn, un texte de 1706. Ce texte nous confirme la source aristocratique du principe du clos « à la Montreuil ».

Le premier plan de Montreuil faisant figurer des murs à pêches date de 1730.

Voila pour les dates de naissance des murs, mais comment les habitants de Montreuil ont-ils donc eu l’idée de ces murs pour y adosser des pêchers ?

Ce n’est pas à Montreuil mais à Corbeil que les premières pêches auraient été cultivées en Île-de-France, au milieu du XVII è siècle (Charles Etienne « Seminarium et plantarium fructiferarum » 1540). Ces pêches de vigne étaient vendues aux halles de Paris. Hyppolite Langlois, dans son ouvrage « Montreuil-aux-pêches » (1875), parle de l’antériorité de la culture de Corbeil et imagine qu’un noyau d’une pêche de Corbeil tombé en sol montreuillois aurait produit les premiers fruits …

Alors si ce n’est pas à Montreuil que l’on a cultivé la première fois des pêches ni inventé la culture sur murs et le palissage à la loque, pourquoi Montreuil s’est-elle approprié ces techniques jusqu’à faire de cette ville « Montreuil aux Pêches ».

La proximité du marché parisien a très certainement amené les cultivateurs de Montreuil à privilégier ce qui s’y vendait le mieux. La population aristocratique et bourgeoise qui s’installe à Montreuil et dans les villes alentour va influencer de façon considérable les pratiques locales, leur donnant les clefs d’un débouché économique que les cultivateurs n’imaginaient sans doute pas…et qui va durer trois siècles.

D’autre part la situation géographique de Montreuil, la nature géologique de son sol et la présence de carrières de gypse à ciel ouvert vont permettre l’érection rapide de ces murs fait de silex, de plâtres et de terre.

Ce qui est unique à Montreuil, c’est l’intensité de la pratique et son extension rapide sur le territoire. L’implantation des murs à pêches s’est faite en un siècle et, en 1907, elle représente 720 hectares sur les 930 ha de la ville.

Une chose est frappante quand on observe les cartes. Les orientations des murs sont ordonnées sur l’ensemble du territoire de la commune, comme si cela avait été organisé. Mais, on sait peu de chose sur d’éventuelles organisations antérieures à la création de la SRHM.
Ce sujet mériterait d’être étudié car c’est cela qui fait la spécificité Montreuilloise.